samedi 22 novembre 2008

Petites pensées de novembre...

J’encre les cris de mes croyances ancrées à quelques incroyables incrédulités.
2 novembre 2008

Je n’aime pas les jours gris.
On ressasse des histoires à l’eau de rose,
Espérant apercevoir un coin de ciel bleu.
Enfin de compte, sous les nuages blanc neige
Ne perce qu’un vague sentiment vert d’espoir
Bientôt terni par mes joues rouges de colère
Et mon âme noyée dans un noir océan de confusion.
Apporte-moi des oranges,
Offre-moi des violettes
Avant que je ne sombre
Dans les limbes pourpres de l’oubli.
7 novembre 2008


Que voulez-vous ? On ne peut pas vivre sans amour.
C’est peut-être la seule chose qui ramène chacun de la même manière vers sa triste condition humaine. On aime, on trompe, on quitte, on souffre et on recommence.
Et c’est chaque fois si intense qu’il nous semble toujours que cette fois, oh oui, cette fois, c’est sûr, c’est la dernière. Qu’on a trouvé notre moitié, cet être fait pour partager notre vie, et ce jusqu’à la mort.
Mais nous revendiquons une société moderne et affranchie. Libres de toute contrainte, on ne fait plus de concessions.
Alors c’est comme ça ? Une petite contrariété et c’est fini ?
On part vers d’autres horizons voir si quelque part sur terre il n’y aurait pas quelqu’un d’autre, encore plus fait pour nous.
En fait, on se voile la face. On s’abreuve de passion, de désir, de folie et on en oublie l’amour.
Celui qui se transforme, qui pardonne et qui sacrifie parfois.
Mais je suis idéaliste. Ou romantique, comme vous voudrez.
Et je ne veux pas de ça.
Je rêve de vieillir avec cette personne qui me connaîtra le mieux sur terre et m’acceptera pourtant telle que je suis : humaine et imparfaite.
Mon partenaire, mon amant, mon confident, mon ami, mon amour…
Et si j’épousais ma meilleure copine ?
12 novembre 2008

S’il te plaît…
Je reprendrais bien encore un peu de toi, un peu de tout.
Du goût de vanille dans ton cou, du chocolat sucré de tes baisers.
Pour oublier un peu le froid, un peu la peur.
Tout pour quelques instants de bonheur.
Je te donnerai beaucoup de moi, de tout mon corps, de tout mon cœur.
Pour sentir un sourire sur tes lèvres et t’entendre enfin me dire que tu m’aimes…
13 novembre 2008

C’est quoi cette vie ?
On voudrait me faire croire que je ne dois pas travailler pour (sur)vivre mais vivre pour travailler. Parce que plus je bosse, plus ils s’engraissent, les gras, les dégueulasses, les boss.
Et je suis fauchée, coincée.
Je m’avale de la bouffe dégueulasse, des gens imbuvables.
Je ravale ma fierté et je trime.
Je voudrais bien changer de vie mais comment ?
Où peut-on vivre aujourd’hui sans argent ?
Alors voilà : bosssssssssssssse abbbbbbbbbruti !
Pas de repli possible. Et pas le temps de profiter de la vie puisque je dois la perdre à la gagner.
13 novembre 2008

lundi 10 novembre 2008

La tentation

Caroline a enfin rencontré l’homme parfait. Jérôme est beau garçon, cultivé et plein de finesse.
C’est un beau parti, il cuisine, fait du sport et est apprécié de tous. Sa richesse d’âme étant égale à sa richesse matérielle, il participe activement à des œuvres de charité, part en mission humanitaire à l’autre bout du monde, fait du mécénat auprès de jeunes artistes.
Et il a choisi Caroline. C’était inespéré. Un cadeau du ciel dans sa vie de trentenaire « célibatesseulée ». Sa mère en a même pleuré de bonheur.
Il lui a fait la cour alors qu’il n’aurait même pas eu besoin. Elle avait immédiatement succombé à ses charmes. Il l’a fait rêver, a ressuscité son petit cœur meurtri par plusieurs histoires d’amour ratées. Il l’a rendu à la passion, à la vie intensément vécue.
Il l’a choisi elle, la petite secrétaire. Alors que dans cet immense hôpital, où Jérôme exerce son métier de chirurgien, déambule sous son nez foule de créatures aguichantes, à la cuisse légère et la blouse échancrée.
« Pourquoi moi ? » avait-t-elle demandée.
« Parce que tu es différente » avait-il répondu.
« Parce que tu n’es pas comme toutes ces petites écervelées, intéressées par l’argent et incapables de résister à la tentation. »
De quoi parlait-il ? Elles l’avaient trompé probablement. Il avait eu le cœur brisé.
Et aujourd’hui, à 45 ans, il voulait une vie différente. Fonder une famille, goûter à la tranquillité. Caroline ne posa pas plus de questions. Jérôme n’était pas du genre à parler de lui. Il la rendait heureuse et ça lui suffisait. Elle avait ainsi décidé de ne pas tenir compte des rumeurs concernant son passé sulfureux, toutes ces femmes qu’il avait eu dans sa vie, magnifiques, racées. D’elles ne restaient que quelques clichés saisis au détour d’un gala de bienfaisance, puis toutes s’étaient éclipsées.
Les ravages de la passion certainement, elles avaient du choisir de déménager.

Au bout de trois mois d’un amour intense et partagé, Caroline quitta son petit deux pièces pour s’installer dans la magnifique maison de son fiancé. La même que dans les magazines d’architecture, immense, chaleureuse avec de grandes baies vitrées qui surplombent la colline. Vue sur la mer d’un côté, sur les montagnes de l’autre. Dans l’aile gauche il y avait même une tour si haute qu’en se mettant sur la pointe des pieds, Caroline pouvait apercevoir l’Espagne.
Personne ne lui avait reproché d’aller trop vite. Il y avait tellement longtemps qu’elle attendait. Jérôme l’avait demandée en mariage et Caroline avait dit oui.
Ce fut le moment le plus romantique de sa vie.

Ce soir d’hiver frais et ensoleillé, Caroline arriva chez Jérôme à la tombée du jour.
Un petit mot reçu le matin même à son travail lui demandait d’être là à 17h15 précises et de porter la robe que contenait le paquet. La précision n’était pas son fort, mais Jérôme était très exigeant et si elle voulait le garder, Caroline devait bien se résoudre à forcer sa nature.
Elle arriva à l’heure et trouva la porte entrouverte ; la poussant elle découvrit la maison magnifique, chaleureuse, des bougies brillaient de mille feux éclairant un chemin tracé pour elle et le doux concerto pour piano n°23 de Mozart vibrait si fort qu’il lui semblait qu’elle allait découvrir un orchestre philarmonique au détour du salon.
Jérôme aimait Mozart par-dessous tout. Caroline n’avait jamais écouté de musique classique, elle trouvait même certains morceaux presque inquiétants tant ils provoquaient chez Jérôme des accès d’émotions qu’elle avait du mal à cerner. Il pouvait lui parler de chaque instrument, de chaque enchaînement de notes pendant des heures, d’une voix forte, au bord de la folie, les yeux brillants d’admiration pour son maître. Cela lui faisait presque peur, mais Caroline n’avait aucune passion et ne connaissait pas le sentiment que cela procure, elle se rassurait donc en pensant que simplement elle ne comprenait pas.
Traversant le salon et la salle à manger vers le patio où la menaient les douces flammes, elle trouva Jérôme en smoking, deux verres de champagne à la main et son plus doux sourire aux coins des lèvres. Il s’agenouilla, et c’est là face à la mer et au plus magnifique coucher de soleil qu’elle n’eu jamais vu que Caroline scella son destin.
Le bonheur parfait se profilait à l’horizon.

Caroline s’installa donc chez son nouveau fiancé.
« Ma chérie, une mission humanitaire m’appelle pour quelques jours mais je serai rentré avant que tu n’es eu le temps de t’apercevoir de mon absence. Tu es ici chez toi, chez nous. Je veux que tu prennes tes aises. Que cette maison soit pour toi le plus agréable endroit du monde. Je te la confie donc. Explore-la, approprie-toi chaque recoin. La seule chose que je te demande, c’est de ne pas entrer dans la pièce qui se trouve au bout du couloir du rez-de-chaussée. Je te le défends et te promets que s’il t’arrive de l’ouvrir, tu n’auras plus à attendre de moi que ma colère la plus sombre».
Caroline acquiesça, mais toute femme qu’elle était posa tout de même quelques questions.
Jérôme répondit simplement que ce « cabinet » était son intimité, son univers personnel où il aimait se retrouver seul pour lire, réfléchir et écouter Mozart.
Et cela lui suffit. « Après tout, se dit caroline, je le sais maniaque et rangé. Il aura peur que je ne mette du désordre. Et chacun à droit à son jardin secret. »

Les premiers jours passèrent dans l’euphorie. Caroline invitait ses amies à découvrir la maison, leur faisant visiter chaque pièce ; et chacune s’exclamait d’admiration : « Que c’est beau ! Quelle chance tu as ! Que je suis heureuse pour toi ». Mais Caroline prenait bien soin d’éviter le couloir du rez-de-chaussée, piquée qu’elle était par une coupable curiosité. Elle tentait de faire bonne figure, mais ses pensées n’étaient que pour le cabinet interdit. Et chaque jour la tentation se faisait plus forte. Tellement, qu’elle s’en sentait rongée de l’intérieur.

Un soir qu’elle attendait son frère qui n’arrivait pas, Caroline se sentie submergée. Le dîner était froid, elle était seule, elle ne pouvait plus attendre. La tentation était si forte qu’il lui semblait qu’elle allait la tuer.
N’y tenant plus, elle dévala l’escalier et se retrouva devant la porte défendue.
Elle appuya sur le loquet et l’ouvrit, enfin. La pièce était sombre et ne trouvant pas l’interrupteur, elle du attendre quelques minutes que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Elle entra et découvrit une sorte de labo pensa-t-elle. Des bocaux dont elle ne distinguait pas le contenu étaient rangés sur plusieurs séries d’étagères et sur une table, elle voyait luire dans la pénombre quantité d’instruments de chirurgie parfaitement alignés, classés par ordre de taille. Sur un petit bureau juste derrière se trouvait un ordinateur et une lampe de bureau. Elle pressa l’interrupteur.
Une peur effroyable s’empara alors de la curieuse. Elle reconnue dans les bocaux les têtes de toutes ces femmes magnifiques que Jérôme avait porté à son bras. Caroline crue s’évanouir, sentit son estomac se soulever de dégout. Il fallait fuir, se sauver.
Au moment où elle se précipitait hors de la pièce, elle entendit la porte d’entrée et pleura de soulagement à la pensée de pouvoir serrer son frère contre elle.

Au détour du couloir, Caroline se trouva tremblante face à Jérôme qui la dévisageait d’un air noir.
« D’où viens-tu comme cela ? Tu as l’air essoufflé. N’es-tu donc pas heureuse de me voir ? »
Pâle et sans voix Caroline baissa les yeux.
« Tu n’as pas à répondre va. Je le sais bien d’où tu viens. Et bien puisque c’est ce que tu veux, tu entreras dans le cabinet. »
Caroline se jeta à ses pieds, le suppliant de l’épargner. Lui disant qu’elle l’aimait plus que tout, qu’elle ne dirait rien à personne et qu’elle était désolée, tellement désolée.
Jérôme esquissa ce sourire ravageur qui faisait céder toutes les femmes.
« Que tu es belle à ma merci,tu m’attendrirais presque. Mais il faut mourir maintenant ».
Il attrapa la belle par les cheveux et la traîna jusqu’au cabinet.
Caroline n’avait plus de force, elle sanglotait, résignée.

Son bourreau alluma un plafonnier qui émit une lumière blanche, glaciale et Caroline distingua à travers ses larmes toute la fatalité de son destin : une salle d’opération, de mutilation, lustrée, immaculée à l’image de la maniaquerie psychopathe de son amant. Il la sangla sur la table et alluma l’ordinateur. Elle vit ses yeux s’illuminer de ce regard fou qu’elle connaissait si bien quand les enceintes jouèrent les premières notes sordides du requiem Golgotha de Mozart.
Alors qu’il lui tranchait la gorge, Caroline songea à ses boucles flottant vaporeusement devant son visage, les yeux exorbités, noyés dans l’affreux formole d’un bocal méticuleusement aligné sur l’étagère du cabinet.


Adaptation libre du conte de Charles Perrault « La barbe Bleue »

mardi 28 octobre 2008


Ohla ! Ici Paris ? C’est Cosmopolitain.
Voici le Parisien qui se prend pour une Téléstar.
Arrête d’être Têtu, je t’accorde une Entrevue. Alors donne-moi ton Point de vue, moi j’ai Réponse à tout. C’est vrai que tu as des Avantages, mais franchement t’en fais un Maximal.
La vie ce n’est pas en VSD, et je ne fais de Psychologie chéri, juste de la Science et vie.
Tu te la joue Newlook, mais t’es qu’un Chasseur français.
Ton Challenge, c’est la Femme actuelle, moi je ne ferai jamais la couverture de Elle.
Allez Playboy, arrête ton Numéro. Tu me dis que pour toi je suis Capital ?
Cause toujours, ça m’intéresse.
La Libération de la femme est toujours en Vogue et y a pas Photo, moi je suis Inrockuptible.
Mais si vraiment je suis la Première, alors Marions-nous !
Que choisir ? Dessus ? Dessous ?
Emmène-moi Côté sud et je serai ta DS, ta femme Glamour et même ta Marie-Claire !
Toi et moi on fait l'Equipe, alors si Le Monde c’est Nous 2, rendons ça Public.
Monte à La tribune, je me fiche des Echos.
Mais commençons si tu veux bien par quelques Modes et Travaux, si t’as pas peur du Choc, passe à mon Studio pour un 5 à 7, ou Paris Match.
Je te ferai le coup du Canard enchaîné, de L’Express de minuit à ton corps attaché.
Ensemble on réécrira L’Histoire pour enfin révéler au Chasseur d’image toute la profondeur de Notre Beauté.

Lettre à notes

Mon musicien, mon artiste aux doigts de fées...
Tes mains courent sur mon corps, sonnant les rythmes de mon coeur.
Pianissimo, mezzo forte, tu passes du silence à la triple croche sans anicroche, composant avec virtuosité sur la symphonie de mes sens.
Tu maîtrise tous les accords, poussant le vice jusqu'au larsen, interminable, dissonant, enivrant...
Inlassablement.

Mais tu l'as touché elle aussi. Désirée, caressée, aimée sans bémol.
Et je suis jalouse mon amour, je commence à la détester ta basse, ta diablesse, ta maîtresse, ta princesse, ta déesse, ta faiblesse.
Alors que tu n'aimes que mes fesses.
Je m'incline donc...

Ta poétesse

dimanche 5 octobre 2008

Je ne voulais pas

Je ne voulais pas l’ouvrir, je te jure. C’est un simple accident.
J’ai récupéré mon courrier, comme tous les soirs en rentrant du boulot et elle s’était glissée entre les pubs et les factures.
J’aurais préféré que ça n’arrive pas. Qu’elle ne se soit pas immiscée comme ça dans ma vie.
J’aurais voulu me rendre compte avant que cette lettre ne m’était pas destinée.
Parce que maintenant, je serai obligé de vivre avec ce poids jusqu’à la fin de mes jours, d’assumer avec toi ce secret que je n’aurais jamais du percer.
Le pire je pense sera quand je devrai te la rendre. Avec l’enveloppe décachetée.
J’ai fait ça comme un cochon, sans prendre le temps, sans minutie.
C’est irréparable, impossible de te le cacher. J’ai déchiré ton intimité.
Je sais, je l’ai lue. Je l’ai retournée dans tous les sens. J’ai tout de suite compris mon erreur. Mais je l’avais ouverte, c’était déjà trop tard.
Je vais devoir partager ça avec toi. Ou plutôt non, c’est toi qui va devoir le partager avec moi.
Sans l’avoir voulu. On ne se connaît même pas. La chose la plus intime, la plus dure de ta vie, dévoilée comme ça à un inconnu.
Un pauvre type parmi tous les autres, que tu ne croises que dans l’escalier. Avant ça, je ne savais même pas ton nom, je ne m’en étais jamais vraiment préoccupé. Je t’ai toujours trouvé jolie Pauline, mais je ne l’aurais jamais avoué. Tu es bien trop jolie pour moi pauline. Je préférais faire comme si je n’avais pas envie de te connaître, pour ne pas me prendre de revers. Je me suis voilé la face. Et cette fois, je vais juste venir, le gentil voisin d’à côté.
Mais je ne viens pas te demander du sel Pauline. J’aurais les jambes qui tremblent et la voix saccadée.
Je te jure, je ne voulais pas l’ouvrir. C’est un simple accident.
Je ne saurais pas quoi dire d’autre.
Je ne pourrais même pas te mentir, te dire que je ne l’ai pas lue. J’en suis incapable.
Est-ce que tu le connais au moins ton secret ?
J’ose espérer que oui. Que ce n’est pas le genre de choses qu’on apprend dans une foutue lettre, égarée dans les piles de factures et de pub qui remplissent toutes les boîtes du monde. On a du t’appeler, c’est obligé. Te donner rendez-vous, te faire assoir dans un petit bureau discret, impersonnel, sordide. Je n’ose pas y penser. Je n’ose pas penser à ce que tu as pu ressentir. Un monde qui s’écroule.
Je sais que tu sais. J’espère que tu sais. Sinon ce serait pire encore. Je serai l’ange de la mort. Je ne pourrais pas vivre avec ça.
Alors voilà, je ne comprends pas pourquoi ça t’arrive à toi. Pourquoi je suis mêlé à ça.
Mais je sais que si tu le souhaites, je serai là. Tout prés. Tu n’auras que quelques pas à faire.
Puisque je sais, avec moi tu n’auras pas besoin de faire semblant. C’est peut-être juste pour ça que c’est arrivé. Pour que tu puisses être un peu toi-même, encore.
Je te jure, je ne voulais pas l’ouvrir.
Parce que maintenant, ces mots noirs resteront gravés pour toujours dans un coin de ma tête.
Pauline M. Test HIV : positif.

Je crois encore au père Noël...


Parfois je déteste les trains.
Ils m’obligent à vivre des trucs impossibles. Courir, partir, attendre, espérer, rater.
Parfois aussi ils me ramènent près des gens que j’aime.
Ça me fait penser à la magie de Noël.
Oui je sais, on n’est même pas en octobre. Mais quand-même… Noël !
Je garderai toujours des paillettes dans les yeux en pensant à tous les Noëls de ma vie.
C’est pas une question de cadeaux ou de foie gras. C’est juste que Noël pour moi, c’est magique. Des tas de gens vont me maudire. Les adultes détestent Noël pour la plupart.
Peut-être que je n’ai juste pas grandi ?
Non, ça ne fait pas chier les vitrines cul-cul, la recherche du cadeau parfait, les petites lumières qui habillent la nuit tombée trop tôt, les réveillons interminables.
C’est sûr, je n’ai pas grandit. J’ai le syndrome de Peter Pan et je ne me soigne pas.
Pas possible pour moi de devenir aigrie, blasée, juste adulte peut-être.
Pour en revenir à ma relation train-Noël, Noël-train, il faut déjà comprendre que la SNCF et moi, on n’est pas les meilleurs copains du monde.
J’ai l’impression que ces satanées machines roulantes sont toujours en retard qu’on est à l’heure, et forcément à l’heure quand on est en retard.
Et justement, je suis toujours un peu limite sur les horaires. C’est comme ça pour tout.
Dernier carat… Des trains donc, j’en ai raté des dizaines. Et merde…
Et si je n’avais pas traînée pour prendre le métro, mis 2 heures à choisir ma veste, téléphoné à ma meilleure copine pile au moment de partir… Blablabla…
Et Noël donc, cette année là, le réveillon du 24 tombait un vendredi.
Semaine de boulot bien remplie, retour à la maison, sac, manteau, écharpe, cadeaux et go !
Pour une fois je n’ai pas traîné.
Pas possible de rater le dernier train et de passer Noël toute seule à la gare Montparnasse.
J’ai au moins 40 minutes de marge, et ça, ça ne m’arrive jamais ! Aucune inquiétude donc.
Bérault - Saint-Mandé – Porte de Vincennes – Nation.
Je récupère la ligne 6. Ma ligne préférée, aérienne, ronronnante, enchanteresses lumières de Paris.
Nation – Picpus – Bel-Air.
Bel-Air 2 minutes, Bel-Air 5 minutes, Bel-Air 15 minutes, 20 !!!
Je craque là ! Si je ne tente pas quelque chose, bus, taxi ? Je rate définitivement mon réveillon. Je me précipite au dehors, mulet harnaché à mon gros sac de voyage et tous mes paquets. Pas de bus qui vont direct à la gare par ici. Trop compliqué.
Taxi ? Pas un rond, pas de distributeur dans le coin, et de toute façon, pas de taxi non plus. C’est trop pommé Bel-Air. Coincé entre Nation et Daumesnil, au moins 10 minutes de marche dans un sens ou dans l’autre, injouable…
Pendant ces quelques réflexions, la rame de métro que je viens de quitter y a pas 2 minutes quitte tranquillement le quai sous mes yeux effarés.
Dépitée. Cette fois c’est foutu, je baisse les bras. J’irai quand-même à la gare, juste pour me dire que je l’ai fait, que j’ai vraiment tout tenté. Et je rentrerai chez moi.
Je m’achèterai un peu de champ et de foie gras au rabais chez le rebeu du coin, et je me saoulerai en m’offrant les cadeaux que j’avais acheté pour d’autres…
Gare Montparnasse. Mon train est à 20h10. Il est 20h10. Je ne suis qu’au rez-de-chaussée.
Je prends mon temps. Foutu pour foutu… Je regarde les gens, je monte tranquillement les escalators, portée par un tourbillon de gens pressés de réveillonner. Dernier étage.
La voix insupportablement métallique du disque qu’on entend dans toutes les gares de France se met en route : « Le train N° 20041224, en direction de… départ initialement prévu à 20h10, partira avec un retard de 20 minutes environ, voie 1. Ce train dessert les gare de … »
A moi sapin, foie gras, cadeaux, papa, maman… Merci !
La magie de Noël j’ai dit… Na !

samedi 4 octobre 2008

Consommation


J’aime déjeuner seule.
Petit moment de calme et de plénitude. Toute prête à oublier ma vie un instant pour me plonger dans celle des autres.
Quelques tables alignées et vingt centimètres entre elles pour créer un semblant d’intimité.

Mon voisin de gauche à déjà avalé trois verres de rouge. Il n’a pas fini son entrée.
Son copain, la bouche pleine : « J’te l’avais dit, tu travailles trop ! Comme disait Sacha Guitry : « Les femmes, c’est comme l’argent. Si tu t’en occupes pas, elles vont faire le bonheur d’un autre… »
Sa femme vient de le quitter pour un moniteur de planche à voile… Un peu stéréotypé, mais bon, je vois bien le topo. On échange son quarantenaire bedonnant contre un beau gars bronzé et rôdé aux pratiques des sens. Eau de mer et tablettes de chocolat miam-miam.
« Mais c’est pour elle que j’ai fait tout ça ! Je venais de lui faire construire un spa, je lui ai même payée une nouvelle voiture pour son anniversaire… »
Ben oui Môssieur, l’argent n’achète pas tout !
Je dirais même que rien ne remplace l’adrénaline de la passion.
Baisers volés, étreintes torrides. La douce chaleur de deux corps perdus par leur folie commune, où plus rien n’existe que l’égoïsme des sens.
« De toute façon, elle le paiera ! Il va la jeter dès qu’il en aura trouvé une autre. Elle reviendra en pleurant pour que je la reprenne. »
Pas si sûr M’sieur !
D’abord, elle a retrouvé sa jeunesse. Ensuite elle a goûté à la liberté…
Plus besoin d’attendre son petit mari en préparant le dîner du soir. De laver ses chaussettes sales, de repasser ses chemises amidonnées de cadre sup. suant.
Et puis con comme t’es, je suis sûre que tu es marié sous le régime de la communauté, non ?

Ma voisine de droite et son collègue d’en face ont l’allure commerciale.
Tailleur et costard, brushing et cheveux ras. Tirés à quatre épingles.
Elle ne cesse de parler, lui ne répond pas.
Ils font partie de ces gens qui ne sont pas choisis. Ont les a collés ensemble, et puis c’est tout.
Il est condamné à supporter cette fille huit heures par jour, pose déjeuner comprise.
Il pense à sa femme qu’il ne verra que quelques heures au dîner, à son dernier contrat, à sa partie de poker entre potes prévue samedi soir.
Elle lui parle de son congélateur qui a rendu l’âme pendant les vacances et de tout ce gâchis découvert en rentrant « Tu te rends compte ! ». Elle lui raconte qu’elle a un quiste au petit doigt et qu’elle souffre vrrrrrraiment beaucoup. Mais elle ne veut pas d’opération, ça lui fait bien trop peur-mais oui, des fois qu’on lui couperait la main, sait on jamais !- L’avantage, c’est qu’on lui donne des cachets pour que la grosseur réduise, et ô miracle ! Ces petites pilules magiques sont des mange-graisse ! Elle a déjà perdue deux kilos en quinze jours !
« Tu te rends compte ! »
Oui il se rend compte…
Il pense que cette fille est vraiment chiante, qu’elle le prend pour sa copine, ou pour son psy.
Il pense que s’il y avait une justice, elle s’étoufferait avec sa cuisse de poulet sauce forestière.
Il se dit qu’il faut vraiment qu’il parle au patron avant de devenir complètement cinglé.

La femme derrière moi a une fille adolescente. Elle l’élève seule, et ces derniers temps, c’est vraiment la galère. « Elle me cache quelque chose, c’est sûr ! Elle s’enferme dans sa chambre pendant des heures, elle me parle mal. Et elle sent la cigarette en rentrant du collège ! ».
Sa copine n’a pas d’enfants. Elle a l’air plus jeune, un peu dégentée, style « artiste je-m’en-foutiste » : « Mais fiche lui la paix ! C’est pas facile comme période ! Si tu savais toutes les conneries que j’ai pu faire à son âge. Regarde, j’men suis pas si mal tirée ! ».
Mais l’autre ne voit pas les choses de la même manière.
Elle ne veut pas qu’à 35 ans sa fille habite seule un studio merdique où elle ne vient que pour dormir-et encore. Elle ne veut pas qu’elle arrête ses études avant d’avoir commencé, qu’elle avorte à 18 ans, qu’elle traîne avec des pommés.
Elle veut qu’elle ait une vie meilleure que la sienne, avec une belle maison et un mari qui la soutiendra. Elle veut des petits enfants en bonne santé, elle veut qu’elle ne manque jamais de rien.
Une autre vie à travers la sienne, la vie qu’elle n’aura plus jamais.
Elle veut sentir le bonheur, le serrer dans ses bras, l’étouffer d’amour, pour ne pas mourir seule. Pour ne pas avoir vécu pour rien.

Au comptoir, deux ouvriers sirotent une bière. Une vraie bière d’abbaye à la pression.
Après l’effort, le réconfort. Tout en eux pue le dur labeur. Cheveux hirsutes et mains calleuses, bleus tâchés, chaussures de sécurité.
On doit travailler pour vivre. Travailler pour manger, pour avoir un toit.
On doit parfois faire des boulots insupportables, épuisants qui vous font mourir avant l’âge de la retraite. On travaille toute sa vie pour se préparer à devenir vieux, et finalement ne jamais en profiter.

La jeune génération ne veut plus de tout ça. Ils veulent s’éclater, avoir la vie facile.
Ils arrêtent leurs études mais rêvent du job en or, « où l’on va par plaisir et pas pour gagner du blé » comme dirait l’autre.
Remarque maintenant, plus besoin de se fatiguer. Il y a le chômage, le RMI, les allocations familiales et les crédits conso. TV écran plat, canapé grand luxe 100% cuir de vachette, cabriolet, fringues à la mode, téléphone portable dernier cri…
Un petit coup de fil à Sofinco et vous voilà l’heureux propriétaire de votre richesse extérieure !

Et la richesse intérieure alors ?
Pour celle-là pas de crédit. Impossible de se racheter par petites mensualités.
Une graine de compassion, un soupçon de générosité. Pas compliqué ?
Mais bien trop difficile. Absorbés que nous sommes par ce diable de quotidien et ses gros soucis chagrins qui nous bouchent les yeux.
Et surtout le cœur.

Petites pensées de septembre...


J’attends que le soleil me quitte.
Il partira enivrer un peu plus l’hémisphère sud, ne laissant à mes songes que de chauds souvenirs.
16 septembre 2008

Je laisse les mots courir ton corps.
Je laisse les mots couvrir ton cœur.
Je croque, j’embrasse, je caresse.
J’échange mes maux contre tes lèvres
Et dans tes yeux je lis les mots que j’aime.
17 septembre 2008

Des pages et des pages.
Mon carnet rouge s’éteint.
Au fil des mots, tandis ce que le temps passe et ma plume coure.
Des mots et des maux.
Quelques mois de plus seront quelques années.
Encore un carnet.
17 septembre 2008

Je ne suis pas quelqu’un de cynique.
Pas besoin. La vie l’est déjà bien assez pour 2, pour 10, pour tous.
Chaque petit événement comporte sa dose d’ironie.
Et pas besoin de se demander quelle en est la cause.
Ma faute ? Pas ma faute ? La faute à qui alors ? Pas besoin de chercher un coupable non plus.
C’est juste comme ça. C’est arrivé.
Fataliste ? Pas pour un sou.
Car de toutes ces petites tracasseries sarcastiques, mieux vaut tirer une bonne dose d’espoir qu’un gros sanglot mal placé.
A 20 ans je croyais tout savoir.
A 30, je suis sûre que je ne suis sûre de rien.
18 septembre 2008

Au café



Un café de quartier. Mon café de quartier.
J’entends les hommes rires au comptoir.
J’aimerais rire moi aussi, mais il n’y a personne pour m’entendre.
La nuit tombe, les travailleurs rentrent chez eux.
Retrouvailles, repas du soir.
Et moi plus que jamais invisible dans mon cocon vitré.
Une sirène crie sur le boulevard, soubresaut sordide parmi le ronronnement impérieux de milliers de moteurs pressés. Personne ne sourit, personne ne s’aime.
Ici, c’est différent, un monde à part. Au chaud, au verre du soir.
Je me délecte de ce bruit de fond, brouhaha incessant de paroles insensées, d’éclats de joie évadés d’un misérable quotidien.
La fumée de cigarette. Ombre planante, volutes silencieuses qui rejoignent le plafond pour s’éteindre dans l’infini.
Verres entrechoqués, pièces qui roulent sur le comptoir.
Une scène de théâtre, un univers irréel dont je suis l’unique spectateur.
Il m’enchante, me ravit, tendre exutoire de ma solitude.
Puis je vois la vie au dehors, bien abritée de ma bulle imaginaire.
Les gens vont et viennent, tous différents, tous les mêmes.
Et soudain le silence…
Je n’entends plus les moteurs. Leurs rugissements furieux disparaissent dans la jungle de mes pensées.
Un homme s’approche du flipper, tintement métallique.
Un jeu de fortune pour une minute de répit, jouet de l’infortune dans une vie de mépris.
J’ai envie de pleurer, mais je ne sais plus pourquoi.
Je vais simplement traverser la rue, rentrer chez moi.
Retrouver le sourire, souffler un peu, pour l’espace d’une nuit tout oublier.

samedi 23 août 2008

Lettre


Un orage gronde aux antipodes de la raison.
Ou peut-être tout prés?
Me libérer de cette chaleur, j'étouffe. Incapable, inexistante.
A quoi ressemble ce monde?
Une nuit permanente m'aime sous un soleil de plomb.
A 300 à l'heure, mais si doux, si lent.

La tempête s'annonce.
La brise, plus forte emmène dans ses jupons les restes de mon âme.
Tu me tues à petit feu, tu m'assassines.
Je ne sais plus si je veux, je ne sais plus si j’aime

J'entends frémir ma chaise.
Elle s'excite, danse au dessous de moi, elle m'avale.
Et cette chaleur. Poussiéreuse, maudite.
Un guerrier m'assaille.
Les tam-tam frappent, assourdissants. Ou bien mon cœur?

Je ne suis plus qu'un objet, prolongement de la chaise.
Assieds-toi, viens sentir mon désir secret.
Je me suis confiée à la table.
Elle fera trembler la terre, qui le criera au vent, fera pleurer les nuages.

Et la pluie roule.
Défait mes cheveux, trempe ma robe, caresse mes seins, s'insinue entre mes cuisses.
Je veux sentir ta langue murmurer mon intimité, ton plaisir sculpter ma cambrure.
Et alors seulement, haletante, démembrée, éperdue, j'oublierai l'amour jusqu'à ton dernier souffle.

mercredi 20 août 2008

Aujourd'hui, j'ai mis un chapeau.


Aujourd'hui, j'ai mis un chapeau.
Plusieurs raisons à ça. D'abord, j'aime le mot couvre-chef. Ensuite, j'aime l'allure que donne mon couvre-chef. Et dernière raison, non des moindres, quand j'ai un chapeau, il m'arrive toujours des trucs extraordinaires.



Mon chapeau d'aujourd'hui est un chapeau d'homme. Un feutre gris, très classique, chiné dans une friperie parisienne il y a déjà bien des années.

Il est tout petit (taillé sur mesure pour mon mini 54 de tour de tête). Si petit que je me dis qu'il aurait pu aller à Compay Segundo.

C'est un chapeau de petit pépé, ça c'est sûr. Et ça me plaît. Un chapeau de musicien, j'en suis sûre aussi. Parce que quand je le mets, il y a plus de notes dans ma tête, plus de musique dans les événements de ma vie.

Pourquoi je ne le porte pas tous les jours alors? Me direz-vous.

Parce que pour se rendre compte du bonheur, il faut parfois l'éviter un peu, se le rendre rare. Et puis "trucs extraordinaires" veut seulement dire "qui rompent le train-train" et "qui donnent des histoires à écrire", pas "qui offrent le bonheur parfait".

Quoique. Puisqu'écrire me rend assez heureuse, la théorie de la cause à effet se défend tout de même.



Bref, je porte mon chapeau de petit pépé... Et c'est très rare pour un mois d'août, car un feutre ça donne chaud. Mais aujourd'hui, ce 19 août 2008, ressemble bien plus à un 19 octobre. J'ai un peu hâte, j'attends l'automne. J'aime sa lumière douce et ses chaudes couleurs.

Mais bon, nous sommes en août donc. Une fraîche et grise journée d'août.

Et j'ai mon chapeau qui fait parler le monde et s'agiter les foules.

Je suis la fille au couvre-chef, au chapeau d'homme. Et allez savoir pourquoi, je me sens plus femme que jamais. Peut-être parce qu'un type de 80 ans passés m'a dit que si j'avais un chapeau d'homme, c'est parce que je suis lesbienne. Certaines filles -vu les regards- doivent le penser aussi.

Et les hommes? ça leur fait de l'effet, c'est sûr. Quand à savoir lequel? J'ai depuis longtemps renoncer à les comprendre. Le fait est en tout cas, qu'avec mon chapeau, on m'aborde plus aisément. Un bonjour par ci, une remarque par là, un sourire, un compliment...

Il faudrait que je fasse des recherches pour mieux comprendre. Une sorte de thèse du chapeau.

On se sent différent, caché sous son couvre-chef. Cet accessoire obligatoire il y a encore un siècle est complètement passé de mode. Mais ça donne du style, de la personnalité (j'invente pas, c'est un type qui me l'a dit y a pas 10 minutes!). Parce qu'il faut l'assumer le chapeau. Il se remarque et vous fait remarquer. Mais ça justement, ça peut avoir du bon.

Oui je sais je m'égare, vous voulez connaître la fin de l'histoire. Mais bon, une thèse ne se conclue pas en 2 lignes, et je pose ici les bases solides d'un laborieux projet. J'abrège donc.



La finalité justement, ou plutôt non, le début de l'histoire se situe ici.

Je suis à Toulouse, plus précisément à la gare de Toulouse-Matabiau.

j'ai acheté mon chapeau à Paris, il y a ........... Laissez-moi voir...............8 ans?

A la gare de Toulouse, en cette fraîche après-midi du 19 août 2008, un petit groupe de voyageurs tout droit sortis d'un film de Kusturica patiente en jouant à la fanfare tzigane déchaînée, au milieu des valises et des voyageurs paumés, pressés, épuisés, frigorifiés, et des autres. Les flâneurs, ceux qui ont 3 trains d'affilé s'ils n'ont pas envie de sauter dans le premier. Et ça tombe bien, j'ai envie de faire une pause.

Je me poste debout, appuyée contre un pilier. Un des hommes du groupe, petit, cheveux blancs hirsutes, barbe de 3 jours et dents en or (Kusturica je vous dis !) me regarde fixement, s'échinant sur un trombone qui semble 3 fois plus grand que lui.

Dès le morceau fini, il coure vers moi le sourire aux lèvres. Ce n'est pas moi qu'il regardait.

Il désigne mon couvre-chef, et dans un français approximatif avec un fort accent slave : "ça, mon chapeau".

Je ne sais pas quoi répondre, je le regarde, éberluée, imitée par une vingtaine de gens autours de moi. Et il me répète "ça mon chapeau". Plus vif que moi, il le prend, le retourne et réitère : "ça mon chapeau. Moi, Stribor ! Stribor !"

Sur l'étiquette à l'intérieur, passée, presque entièrement effacée par le temps, un mot manuscrit écrit à l'encre bleue. Je n'avais jamais pu le déchiffrer car ce mot n'avait pour moi aucun sens, et voilà qu'à cette seconde précise chaque son se transposait sur chaque lettre S-T-R-I-B-O-R. Il me regarde de nouveau en riant, dansant, répétant inlassablement"mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau !" puis "je te donne", et il retourne jouer du trombone. Je remets le chapeau.

Mon couvre-chef, ma lampe d'Aladin.

Je fais 3 vœux : encore, encore, et encore !

dimanche 17 août 2008

Ce soir, j'ai fumé une vogue menthol.


Ce soir, j'ai fumé une vogue menthol.
La classe.

Fraîche, douce en bouche, la finesse incarnée, vraiment la grande classe.

Tellement frêle que j'ai peur de la briser, moi la fumeuse de blondes à forte teneur en goudrons et autres saloperies.


La fille qui me l'a donné ressemble à ce fragile appendice qui se consumme en frôlant mes lèvres. Blonde, fine et douce, avec la peau très blanche et de grands yeux clairs, un accent nordique parfumant sa langue.


Est-ce que je ressemble moi à ma Pall Mall rouge? Peut-être. Petite et plus trapue, avec ce caractère qui picote la langue, cette épaisse fumée qui fait venir les larmes aux yeux. Mais pas toujours.


Je suis aussi une vogue menthol, une fille douce et fragile avec des yeux rêveurs et un goût d'ailleurs. Cette femme là se planque seulement un peu plus. Tout au fond de mon sac de fille...

lundi 9 juin 2008

J'ai rencontré Napoléon...


Déjà l’automne. Il n’y a jamais d’été à Paris.
Ou sont-ce les parisiens qui font fuir le soleil ?
Je m’en fous, je ne me laisse pas abattre et boit mon café en terrasse.
Et j’écris pour écrire je crois. Pour faire quelque chose de ce triste dimanche au lieu de dormir, de rester, de stagner depuis trop longtemps.
J’en suis au stade des grands projets. Esprit florissant et mains fainéantes.
Je m’abîme de conscience.
Il fait froid, je regarde les gens emmitouflés de cache-misère.
J’ai envie de fumer. J’ai arrêté.
Moi, arrêter quelque chose ?
Si seulement ça pouvait être le temps, les habitudes, les contraintes, la routine…
Tout pour une cigarette. Nicotine de malheur.

Un autre que moi n’a pas froid aux yeux. Un grand nonchalant, presque chauve, presque charmant. Il s’excuse d’un demi sourire d’avoir frôlé ma chaise pour s’assoir à la table d’à côté alors que la terrasse est vide. Je vois le truc venir de loin. Pas manqué !
Il y a toujours quelqu’un pour déranger vos petits moments de solitude désespérée, et merde.

« J’aime ces journées ternes où le temps ne masque plus ce que sont vraiment les gens.»
… Ben, double merde là alors ! On répond quoi à ce genre de chose ?
Déjà, il faudrait l’analyser quelques heures avant de pouvoir pondre un truc constructif. Mais là ça ne s’appelle plus une conversation. Je n’ai même pas envie de lui demander ce qu’il entend par là, pas envie d’entrer dans un discours métaphysique à la con.
Je voudrais juste retourner tranquillement à mon analyse perso sur le monde qui m’entoure et mon envie de clope, à m’apitoyer un peu plus sur mon sort. Trop tard…
« Vous aimez le vin ? »

Je commande un Saint-Nicolas de Bourgueil.
Gilles est écrivain à ses heures perdues. Il me demande ce que j’écris.
« Un grand roman bien-sûr ! Ce sera un best-seller, la plus belle histoire d’amour du XXIème siècle ! » Et je ris. Je n’écris que pour moi, c’est ma psychanalyse personnelle. Pas chère et bien pensée. J’écris aux gens que j’aime sans pouvoir le leur dire, à ceux que je déteste pour pouvoir les maudire. Je rempli des pages parce que je préfère le noir au blanc. Ça n’a aucun sens, aucune finalité, ça fait juste du bien et c’est parfait comme ça.

Nous continuons à boire du vin pendant plusieurs heures, discutant littérature.
Gilles me vouvoie. Et contrairement à mes habitudes je le laisse faire, je me prends au jeu.
Ça me fait l’effet d’une barrière impudique, titille mon imagination, excite mes sens.
Tout en sous-entendu, en regards volés, en sourire détournés, en désir à peine masqué, il me fait la cour comme à une héroïne de Maupassant.
Ça colle à ce personnage qui parle comme un livre. De 15 ans mon ainé, il semble vivre dans un autre siècle avec sa longue veste noire et ses gestes galants.
Gilles ressemble à Napoléon et ça l’amuse beaucoup. Il n’en a pas la stature mais bien le profil. Il met la main dans son gilet, prend un air sérieux et me demande d’être sa Joséphine.
Pauvre de moi si je fini comme elle !

Napoléon pour gagner sa vie est cuisinier. Il me propose un dîner mijoté à son appartement.
« Rien que pour vous ma Joséphine… »
J’ai déjà bien mijoté, bien fantasmé, je suis déjà cuite aux petits oignons. J’accepte donc sans sourciller. Mon galant appelle un taxi.

Entre chien et loup, à l’épilogue de cette froide journée Paris semble s’endormir doucement.
Je regarde la ville la plus romantique du monde s’illuminer de milles feux, tandis ce que mon bel-ami prend pudiquement ma main dans la sienne. Ce contact me fait l’effet d’un baiser passionné, irraisonné. Je n’ai pas entendu où l’on va et ça n’a pas d’importance. Je laisse couler la Seine, le flot des boulevards, je laisse partir le temps.

Le dîner est délicieux, accompagné de chandelles et de Chopin. Un moment charmant, romanesque, inattendu. Je sirote mon vin avec délectation dans l’attente d’une apothéose repoussée jusqu’aux confins du possible.

Malheureusement, Napoléon m’a fait l’amour comme on fait la guerre…
Conquérant, chevauchant vers l’ennemi sans prendre garde au chemin.
Oublié les pudiques vouvoiements et les sensuelles galanteries.
Mon désir me quitta aussi sec et Napoléon perdit la bataille.
Je le laissais à sa défaite, pressée de retrouvez ma tendre solitude.

En chemin je croise un type. « Bonsoir, vous auriez une cigarette ? ».
« Bien-sûr », il me l’allume. « Et c’est où le métro le plus proche ? ».
« Invalides, tout droit ».
Ironie du sort. Morte et enterrée la belle aventure romanesque.
Adieu l’empereur ! Nicotine de malheur…

Adrien ressemble au Ché.


23 février. Ce soir à minuit, j’aurais 21 ans et un étonnant cadeau d’anniversaire.
En attendant, ignorant mon destin, je lézarde au soleil sur le parvis du centre Pompidou avec pour seuls compagnons mon carnet de croquis et mon appareil photo.
Je saisi les baisers volées, les tendres murmures à l’ombre d’étranges architectures, encre les petits groupes assis en cercle…
Il me tourne le dos, discutant avec deux amies. Je ne vois que ses boucles brunes, accrochant la lumière, caressant son cou au grès du vent. Ses larges épaules et ses mains masculine et forte, si douces dans ses gestes.
Curieux de se voir dessiner, il m’a abordé et c’est lui qui a fini par me croquer.
Je l’ai goûté quelques heures plus tard, doux et langoureux.
Adrien ressemble au Ché. Les cheveux en bataille et la barbe travaillée.
Il croit en l’humanité, à la beauté de chaque chose, il croit à l’amour charnel comme exutoire, sans autre arrière pensée. Il a le diable au corps et m’a offert le sien.
Quelques heures à révolutionner le monde, bien au chaud, près du cœur.
Deux corps enlacés pour faire la guerre à la guerre, deux cœurs qui battent à l’unisson oubliant un instant toutes les horreurs du monde.

10h14, un ange passe...


A l’arrière du bus 86, j’ouvre mon cœur à la ville.
Sur cette passerelle extérieure un homme, passionné de Paris me raconte la ville.
Il me prend pour une touriste. Je ne déments pas et le laisse me faire redécouvrir ma vie.
A mon cou, devant mon œil novice, mes doigts émerveillés caressent un nouvel appareil photo. Mon premier appareil photo. Aucun mode automatique, pas d’autofocus.
Mon intuition, le hasard décideront pour moi.
Ma première pellicule, une Ilford 180. Cette première histoire se dessinera en noir et banc.
Les colonnes de la nation, le rue de Pyrénées. Les gens montent, descendent. Le paysage change, je clic, je clac.
Et je sais très bien qu’attendre de cette toute première pellicule. 36 poses.
36 petits bouts de vie, rien de plus. Je m’en fous. L’important n’est pas la finalité.
Aujourd’hui je n’ai aucun but. Je goûte, j’explore. L’important aujourd’hui, c’est le chemin.
Je descends à Barbès. Je clic, je clac ce pays inconnu. Et je marche, je monte. Lamarck-Colincourt. Bientôt, je serai là-haut, à Montmartre. Je serai une vraie touriste, un appareil photo autour du cou, émerveillée par Paris, la plus belle ville du monde.
Une famille se promène, les parents, un petit garçon à vélo et une fillette profitent comme moi de ce samedi ensoleillé. Elle a l’air d’un ange.
J’amène l’appareil devant mes yeux, la mise au point est longue. Aussi longue que mon expérience de photographe est courte. Elle est déjà partie en courant, éclipsant l’instant que je n’ai pas su saisir.
Puis soudain, elle s’immobilise.
Je clique.

10h14, un ange passe…

Julien a un carnet

Julien a un carnet.
Je ne l’ai jamais vu, mais pour moi, c’est forcément un carnet rose.
Chaque fille qu’il a aimé, ne serait-ce qu’un instant y a sa place.

Est-ce que je figure dans ce carnet ?
Probable que oui. Puisque dans une cage d’escalier, après un dîner un peu trop arrosé, nous sommes devenus un peu plus intimes que de simples amis.
Un moment de folie, presque oublié bien qu’inoubliable.

Je sais seulement que pour chaque fille figure un prénom et une petite phrase.
Quelque chose de spécial, un signe distinctif qui fait que cette fille là, comme toutes les autres ne sera jamais oubliée.

On peut trouver ça fou, dégeulasse. On peut voir Julien comme un macho, un séducteur, un collectionneur. Moi je trouve que c’est une preuve de grand respect que de vouloir se souvenir de chaque histoire de sa vie, qu’elle ait duré quelques heures ou plusieurs années.
J’aimerais moi, me souvenir de tous les hommes de ma vie, que je les aie aimé ou détesté. Mais ça n’est pas le cas.

Un jour, Julien est arrivé dans son carnet à la fille n°99 de sa vie.
Et tout d’un coup c’était évident, la 100ème serait forcément la bonne !
C’est trop symbolique, ce chiffre rond comme une queue et deux seins.
L’harmonie parfaite, l’osmose du cosmos.
Pour la première fois de sa vie, il a donc attendu longtemps pour la trouver.
La seule, l’unique. Son impératrice des sens, la fille parfaite.

Mais l’amour n’est pas une donnée quantifiable. La vie ne fonctionne pas comme ça, ce serait beaucoup trop simple et sûrement trop chiant.

Julien compte aujourd’hui 146 filles dans son carnet. Et la 100ème ne fut évidemment pas la bonne. Mais le hasard de la vie met tout de même de l’ironie en chaque chose.
La 100ème s’appelait Marie, et elle était vierge.

Valentine

Ah Valentine…
Ma Valentine…
Ce parc est plus beau encore qu’au jour de notre rencontre.
Je revoie tes boucles flottant au vent, tes joues rosies par les prémices de l’hiver.
Et je me félicite encore de l’audace qui me poussa à t’aborder, moi qui suis si réservé.

Valentine, ce banc rougi encore de nos après-midi enlacées, de nos confidences indécentes et nos baisers volés.

C’est encore l’hiver Valentine, et je n’ai pas changé.
Je caresse du doigt nos initiales, à jamais gravées sur le banc de nos amours d’enfants.
Elles sont douces et chaudes, Valentine. Elles parlent toujours au soleil et murmure au vent combien je t’aime.

Une dame s’assoie à mes côtés depuis quelques temps.
Elle lie des poèmes Valentine, toi qui les aimais tant.
Les poètes disparus, ces artistes d’un autre âge.
Nous aurions pût les connaître Valentine, si l’on été nés 10 auparavant.

Elle a les cheveux blancs Valentine, comme l’hiver de nos 20 ans.
Et les joues rose Valentine, comme toi il y a si longtemps.

10 ans que ce banc me porte seul ma Valentine.
Comme aurais-je imaginé me remarier à 80 ans ?

Sois mon amie Valentine, toi ma plus fidèle confidente.
Je me marie Valentine, comme un jeune homme de 20 ans.