samedi 22 novembre 2008

Petites pensées de novembre...

J’encre les cris de mes croyances ancrées à quelques incroyables incrédulités.
2 novembre 2008

Je n’aime pas les jours gris.
On ressasse des histoires à l’eau de rose,
Espérant apercevoir un coin de ciel bleu.
Enfin de compte, sous les nuages blanc neige
Ne perce qu’un vague sentiment vert d’espoir
Bientôt terni par mes joues rouges de colère
Et mon âme noyée dans un noir océan de confusion.
Apporte-moi des oranges,
Offre-moi des violettes
Avant que je ne sombre
Dans les limbes pourpres de l’oubli.
7 novembre 2008


Que voulez-vous ? On ne peut pas vivre sans amour.
C’est peut-être la seule chose qui ramène chacun de la même manière vers sa triste condition humaine. On aime, on trompe, on quitte, on souffre et on recommence.
Et c’est chaque fois si intense qu’il nous semble toujours que cette fois, oh oui, cette fois, c’est sûr, c’est la dernière. Qu’on a trouvé notre moitié, cet être fait pour partager notre vie, et ce jusqu’à la mort.
Mais nous revendiquons une société moderne et affranchie. Libres de toute contrainte, on ne fait plus de concessions.
Alors c’est comme ça ? Une petite contrariété et c’est fini ?
On part vers d’autres horizons voir si quelque part sur terre il n’y aurait pas quelqu’un d’autre, encore plus fait pour nous.
En fait, on se voile la face. On s’abreuve de passion, de désir, de folie et on en oublie l’amour.
Celui qui se transforme, qui pardonne et qui sacrifie parfois.
Mais je suis idéaliste. Ou romantique, comme vous voudrez.
Et je ne veux pas de ça.
Je rêve de vieillir avec cette personne qui me connaîtra le mieux sur terre et m’acceptera pourtant telle que je suis : humaine et imparfaite.
Mon partenaire, mon amant, mon confident, mon ami, mon amour…
Et si j’épousais ma meilleure copine ?
12 novembre 2008

S’il te plaît…
Je reprendrais bien encore un peu de toi, un peu de tout.
Du goût de vanille dans ton cou, du chocolat sucré de tes baisers.
Pour oublier un peu le froid, un peu la peur.
Tout pour quelques instants de bonheur.
Je te donnerai beaucoup de moi, de tout mon corps, de tout mon cœur.
Pour sentir un sourire sur tes lèvres et t’entendre enfin me dire que tu m’aimes…
13 novembre 2008

C’est quoi cette vie ?
On voudrait me faire croire que je ne dois pas travailler pour (sur)vivre mais vivre pour travailler. Parce que plus je bosse, plus ils s’engraissent, les gras, les dégueulasses, les boss.
Et je suis fauchée, coincée.
Je m’avale de la bouffe dégueulasse, des gens imbuvables.
Je ravale ma fierté et je trime.
Je voudrais bien changer de vie mais comment ?
Où peut-on vivre aujourd’hui sans argent ?
Alors voilà : bosssssssssssssse abbbbbbbbbruti !
Pas de repli possible. Et pas le temps de profiter de la vie puisque je dois la perdre à la gagner.
13 novembre 2008

lundi 10 novembre 2008

La tentation

Caroline a enfin rencontré l’homme parfait. Jérôme est beau garçon, cultivé et plein de finesse.
C’est un beau parti, il cuisine, fait du sport et est apprécié de tous. Sa richesse d’âme étant égale à sa richesse matérielle, il participe activement à des œuvres de charité, part en mission humanitaire à l’autre bout du monde, fait du mécénat auprès de jeunes artistes.
Et il a choisi Caroline. C’était inespéré. Un cadeau du ciel dans sa vie de trentenaire « célibatesseulée ». Sa mère en a même pleuré de bonheur.
Il lui a fait la cour alors qu’il n’aurait même pas eu besoin. Elle avait immédiatement succombé à ses charmes. Il l’a fait rêver, a ressuscité son petit cœur meurtri par plusieurs histoires d’amour ratées. Il l’a rendu à la passion, à la vie intensément vécue.
Il l’a choisi elle, la petite secrétaire. Alors que dans cet immense hôpital, où Jérôme exerce son métier de chirurgien, déambule sous son nez foule de créatures aguichantes, à la cuisse légère et la blouse échancrée.
« Pourquoi moi ? » avait-t-elle demandée.
« Parce que tu es différente » avait-il répondu.
« Parce que tu n’es pas comme toutes ces petites écervelées, intéressées par l’argent et incapables de résister à la tentation. »
De quoi parlait-il ? Elles l’avaient trompé probablement. Il avait eu le cœur brisé.
Et aujourd’hui, à 45 ans, il voulait une vie différente. Fonder une famille, goûter à la tranquillité. Caroline ne posa pas plus de questions. Jérôme n’était pas du genre à parler de lui. Il la rendait heureuse et ça lui suffisait. Elle avait ainsi décidé de ne pas tenir compte des rumeurs concernant son passé sulfureux, toutes ces femmes qu’il avait eu dans sa vie, magnifiques, racées. D’elles ne restaient que quelques clichés saisis au détour d’un gala de bienfaisance, puis toutes s’étaient éclipsées.
Les ravages de la passion certainement, elles avaient du choisir de déménager.

Au bout de trois mois d’un amour intense et partagé, Caroline quitta son petit deux pièces pour s’installer dans la magnifique maison de son fiancé. La même que dans les magazines d’architecture, immense, chaleureuse avec de grandes baies vitrées qui surplombent la colline. Vue sur la mer d’un côté, sur les montagnes de l’autre. Dans l’aile gauche il y avait même une tour si haute qu’en se mettant sur la pointe des pieds, Caroline pouvait apercevoir l’Espagne.
Personne ne lui avait reproché d’aller trop vite. Il y avait tellement longtemps qu’elle attendait. Jérôme l’avait demandée en mariage et Caroline avait dit oui.
Ce fut le moment le plus romantique de sa vie.

Ce soir d’hiver frais et ensoleillé, Caroline arriva chez Jérôme à la tombée du jour.
Un petit mot reçu le matin même à son travail lui demandait d’être là à 17h15 précises et de porter la robe que contenait le paquet. La précision n’était pas son fort, mais Jérôme était très exigeant et si elle voulait le garder, Caroline devait bien se résoudre à forcer sa nature.
Elle arriva à l’heure et trouva la porte entrouverte ; la poussant elle découvrit la maison magnifique, chaleureuse, des bougies brillaient de mille feux éclairant un chemin tracé pour elle et le doux concerto pour piano n°23 de Mozart vibrait si fort qu’il lui semblait qu’elle allait découvrir un orchestre philarmonique au détour du salon.
Jérôme aimait Mozart par-dessous tout. Caroline n’avait jamais écouté de musique classique, elle trouvait même certains morceaux presque inquiétants tant ils provoquaient chez Jérôme des accès d’émotions qu’elle avait du mal à cerner. Il pouvait lui parler de chaque instrument, de chaque enchaînement de notes pendant des heures, d’une voix forte, au bord de la folie, les yeux brillants d’admiration pour son maître. Cela lui faisait presque peur, mais Caroline n’avait aucune passion et ne connaissait pas le sentiment que cela procure, elle se rassurait donc en pensant que simplement elle ne comprenait pas.
Traversant le salon et la salle à manger vers le patio où la menaient les douces flammes, elle trouva Jérôme en smoking, deux verres de champagne à la main et son plus doux sourire aux coins des lèvres. Il s’agenouilla, et c’est là face à la mer et au plus magnifique coucher de soleil qu’elle n’eu jamais vu que Caroline scella son destin.
Le bonheur parfait se profilait à l’horizon.

Caroline s’installa donc chez son nouveau fiancé.
« Ma chérie, une mission humanitaire m’appelle pour quelques jours mais je serai rentré avant que tu n’es eu le temps de t’apercevoir de mon absence. Tu es ici chez toi, chez nous. Je veux que tu prennes tes aises. Que cette maison soit pour toi le plus agréable endroit du monde. Je te la confie donc. Explore-la, approprie-toi chaque recoin. La seule chose que je te demande, c’est de ne pas entrer dans la pièce qui se trouve au bout du couloir du rez-de-chaussée. Je te le défends et te promets que s’il t’arrive de l’ouvrir, tu n’auras plus à attendre de moi que ma colère la plus sombre».
Caroline acquiesça, mais toute femme qu’elle était posa tout de même quelques questions.
Jérôme répondit simplement que ce « cabinet » était son intimité, son univers personnel où il aimait se retrouver seul pour lire, réfléchir et écouter Mozart.
Et cela lui suffit. « Après tout, se dit caroline, je le sais maniaque et rangé. Il aura peur que je ne mette du désordre. Et chacun à droit à son jardin secret. »

Les premiers jours passèrent dans l’euphorie. Caroline invitait ses amies à découvrir la maison, leur faisant visiter chaque pièce ; et chacune s’exclamait d’admiration : « Que c’est beau ! Quelle chance tu as ! Que je suis heureuse pour toi ». Mais Caroline prenait bien soin d’éviter le couloir du rez-de-chaussée, piquée qu’elle était par une coupable curiosité. Elle tentait de faire bonne figure, mais ses pensées n’étaient que pour le cabinet interdit. Et chaque jour la tentation se faisait plus forte. Tellement, qu’elle s’en sentait rongée de l’intérieur.

Un soir qu’elle attendait son frère qui n’arrivait pas, Caroline se sentie submergée. Le dîner était froid, elle était seule, elle ne pouvait plus attendre. La tentation était si forte qu’il lui semblait qu’elle allait la tuer.
N’y tenant plus, elle dévala l’escalier et se retrouva devant la porte défendue.
Elle appuya sur le loquet et l’ouvrit, enfin. La pièce était sombre et ne trouvant pas l’interrupteur, elle du attendre quelques minutes que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Elle entra et découvrit une sorte de labo pensa-t-elle. Des bocaux dont elle ne distinguait pas le contenu étaient rangés sur plusieurs séries d’étagères et sur une table, elle voyait luire dans la pénombre quantité d’instruments de chirurgie parfaitement alignés, classés par ordre de taille. Sur un petit bureau juste derrière se trouvait un ordinateur et une lampe de bureau. Elle pressa l’interrupteur.
Une peur effroyable s’empara alors de la curieuse. Elle reconnue dans les bocaux les têtes de toutes ces femmes magnifiques que Jérôme avait porté à son bras. Caroline crue s’évanouir, sentit son estomac se soulever de dégout. Il fallait fuir, se sauver.
Au moment où elle se précipitait hors de la pièce, elle entendit la porte d’entrée et pleura de soulagement à la pensée de pouvoir serrer son frère contre elle.

Au détour du couloir, Caroline se trouva tremblante face à Jérôme qui la dévisageait d’un air noir.
« D’où viens-tu comme cela ? Tu as l’air essoufflé. N’es-tu donc pas heureuse de me voir ? »
Pâle et sans voix Caroline baissa les yeux.
« Tu n’as pas à répondre va. Je le sais bien d’où tu viens. Et bien puisque c’est ce que tu veux, tu entreras dans le cabinet. »
Caroline se jeta à ses pieds, le suppliant de l’épargner. Lui disant qu’elle l’aimait plus que tout, qu’elle ne dirait rien à personne et qu’elle était désolée, tellement désolée.
Jérôme esquissa ce sourire ravageur qui faisait céder toutes les femmes.
« Que tu es belle à ma merci,tu m’attendrirais presque. Mais il faut mourir maintenant ».
Il attrapa la belle par les cheveux et la traîna jusqu’au cabinet.
Caroline n’avait plus de force, elle sanglotait, résignée.

Son bourreau alluma un plafonnier qui émit une lumière blanche, glaciale et Caroline distingua à travers ses larmes toute la fatalité de son destin : une salle d’opération, de mutilation, lustrée, immaculée à l’image de la maniaquerie psychopathe de son amant. Il la sangla sur la table et alluma l’ordinateur. Elle vit ses yeux s’illuminer de ce regard fou qu’elle connaissait si bien quand les enceintes jouèrent les premières notes sordides du requiem Golgotha de Mozart.
Alors qu’il lui tranchait la gorge, Caroline songea à ses boucles flottant vaporeusement devant son visage, les yeux exorbités, noyés dans l’affreux formole d’un bocal méticuleusement aligné sur l’étagère du cabinet.


Adaptation libre du conte de Charles Perrault « La barbe Bleue »