samedi 23 août 2008

Lettre


Un orage gronde aux antipodes de la raison.
Ou peut-être tout prés?
Me libérer de cette chaleur, j'étouffe. Incapable, inexistante.
A quoi ressemble ce monde?
Une nuit permanente m'aime sous un soleil de plomb.
A 300 à l'heure, mais si doux, si lent.

La tempête s'annonce.
La brise, plus forte emmène dans ses jupons les restes de mon âme.
Tu me tues à petit feu, tu m'assassines.
Je ne sais plus si je veux, je ne sais plus si j’aime

J'entends frémir ma chaise.
Elle s'excite, danse au dessous de moi, elle m'avale.
Et cette chaleur. Poussiéreuse, maudite.
Un guerrier m'assaille.
Les tam-tam frappent, assourdissants. Ou bien mon cœur?

Je ne suis plus qu'un objet, prolongement de la chaise.
Assieds-toi, viens sentir mon désir secret.
Je me suis confiée à la table.
Elle fera trembler la terre, qui le criera au vent, fera pleurer les nuages.

Et la pluie roule.
Défait mes cheveux, trempe ma robe, caresse mes seins, s'insinue entre mes cuisses.
Je veux sentir ta langue murmurer mon intimité, ton plaisir sculpter ma cambrure.
Et alors seulement, haletante, démembrée, éperdue, j'oublierai l'amour jusqu'à ton dernier souffle.

mercredi 20 août 2008

Aujourd'hui, j'ai mis un chapeau.


Aujourd'hui, j'ai mis un chapeau.
Plusieurs raisons à ça. D'abord, j'aime le mot couvre-chef. Ensuite, j'aime l'allure que donne mon couvre-chef. Et dernière raison, non des moindres, quand j'ai un chapeau, il m'arrive toujours des trucs extraordinaires.



Mon chapeau d'aujourd'hui est un chapeau d'homme. Un feutre gris, très classique, chiné dans une friperie parisienne il y a déjà bien des années.

Il est tout petit (taillé sur mesure pour mon mini 54 de tour de tête). Si petit que je me dis qu'il aurait pu aller à Compay Segundo.

C'est un chapeau de petit pépé, ça c'est sûr. Et ça me plaît. Un chapeau de musicien, j'en suis sûre aussi. Parce que quand je le mets, il y a plus de notes dans ma tête, plus de musique dans les événements de ma vie.

Pourquoi je ne le porte pas tous les jours alors? Me direz-vous.

Parce que pour se rendre compte du bonheur, il faut parfois l'éviter un peu, se le rendre rare. Et puis "trucs extraordinaires" veut seulement dire "qui rompent le train-train" et "qui donnent des histoires à écrire", pas "qui offrent le bonheur parfait".

Quoique. Puisqu'écrire me rend assez heureuse, la théorie de la cause à effet se défend tout de même.



Bref, je porte mon chapeau de petit pépé... Et c'est très rare pour un mois d'août, car un feutre ça donne chaud. Mais aujourd'hui, ce 19 août 2008, ressemble bien plus à un 19 octobre. J'ai un peu hâte, j'attends l'automne. J'aime sa lumière douce et ses chaudes couleurs.

Mais bon, nous sommes en août donc. Une fraîche et grise journée d'août.

Et j'ai mon chapeau qui fait parler le monde et s'agiter les foules.

Je suis la fille au couvre-chef, au chapeau d'homme. Et allez savoir pourquoi, je me sens plus femme que jamais. Peut-être parce qu'un type de 80 ans passés m'a dit que si j'avais un chapeau d'homme, c'est parce que je suis lesbienne. Certaines filles -vu les regards- doivent le penser aussi.

Et les hommes? ça leur fait de l'effet, c'est sûr. Quand à savoir lequel? J'ai depuis longtemps renoncer à les comprendre. Le fait est en tout cas, qu'avec mon chapeau, on m'aborde plus aisément. Un bonjour par ci, une remarque par là, un sourire, un compliment...

Il faudrait que je fasse des recherches pour mieux comprendre. Une sorte de thèse du chapeau.

On se sent différent, caché sous son couvre-chef. Cet accessoire obligatoire il y a encore un siècle est complètement passé de mode. Mais ça donne du style, de la personnalité (j'invente pas, c'est un type qui me l'a dit y a pas 10 minutes!). Parce qu'il faut l'assumer le chapeau. Il se remarque et vous fait remarquer. Mais ça justement, ça peut avoir du bon.

Oui je sais je m'égare, vous voulez connaître la fin de l'histoire. Mais bon, une thèse ne se conclue pas en 2 lignes, et je pose ici les bases solides d'un laborieux projet. J'abrège donc.



La finalité justement, ou plutôt non, le début de l'histoire se situe ici.

Je suis à Toulouse, plus précisément à la gare de Toulouse-Matabiau.

j'ai acheté mon chapeau à Paris, il y a ........... Laissez-moi voir...............8 ans?

A la gare de Toulouse, en cette fraîche après-midi du 19 août 2008, un petit groupe de voyageurs tout droit sortis d'un film de Kusturica patiente en jouant à la fanfare tzigane déchaînée, au milieu des valises et des voyageurs paumés, pressés, épuisés, frigorifiés, et des autres. Les flâneurs, ceux qui ont 3 trains d'affilé s'ils n'ont pas envie de sauter dans le premier. Et ça tombe bien, j'ai envie de faire une pause.

Je me poste debout, appuyée contre un pilier. Un des hommes du groupe, petit, cheveux blancs hirsutes, barbe de 3 jours et dents en or (Kusturica je vous dis !) me regarde fixement, s'échinant sur un trombone qui semble 3 fois plus grand que lui.

Dès le morceau fini, il coure vers moi le sourire aux lèvres. Ce n'est pas moi qu'il regardait.

Il désigne mon couvre-chef, et dans un français approximatif avec un fort accent slave : "ça, mon chapeau".

Je ne sais pas quoi répondre, je le regarde, éberluée, imitée par une vingtaine de gens autours de moi. Et il me répète "ça mon chapeau". Plus vif que moi, il le prend, le retourne et réitère : "ça mon chapeau. Moi, Stribor ! Stribor !"

Sur l'étiquette à l'intérieur, passée, presque entièrement effacée par le temps, un mot manuscrit écrit à l'encre bleue. Je n'avais jamais pu le déchiffrer car ce mot n'avait pour moi aucun sens, et voilà qu'à cette seconde précise chaque son se transposait sur chaque lettre S-T-R-I-B-O-R. Il me regarde de nouveau en riant, dansant, répétant inlassablement"mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau !" puis "je te donne", et il retourne jouer du trombone. Je remets le chapeau.

Mon couvre-chef, ma lampe d'Aladin.

Je fais 3 vœux : encore, encore, et encore !

dimanche 17 août 2008

Ce soir, j'ai fumé une vogue menthol.


Ce soir, j'ai fumé une vogue menthol.
La classe.

Fraîche, douce en bouche, la finesse incarnée, vraiment la grande classe.

Tellement frêle que j'ai peur de la briser, moi la fumeuse de blondes à forte teneur en goudrons et autres saloperies.


La fille qui me l'a donné ressemble à ce fragile appendice qui se consumme en frôlant mes lèvres. Blonde, fine et douce, avec la peau très blanche et de grands yeux clairs, un accent nordique parfumant sa langue.


Est-ce que je ressemble moi à ma Pall Mall rouge? Peut-être. Petite et plus trapue, avec ce caractère qui picote la langue, cette épaisse fumée qui fait venir les larmes aux yeux. Mais pas toujours.


Je suis aussi une vogue menthol, une fille douce et fragile avec des yeux rêveurs et un goût d'ailleurs. Cette femme là se planque seulement un peu plus. Tout au fond de mon sac de fille...