samedi 4 octobre 2008

Au café



Un café de quartier. Mon café de quartier.
J’entends les hommes rires au comptoir.
J’aimerais rire moi aussi, mais il n’y a personne pour m’entendre.
La nuit tombe, les travailleurs rentrent chez eux.
Retrouvailles, repas du soir.
Et moi plus que jamais invisible dans mon cocon vitré.
Une sirène crie sur le boulevard, soubresaut sordide parmi le ronronnement impérieux de milliers de moteurs pressés. Personne ne sourit, personne ne s’aime.
Ici, c’est différent, un monde à part. Au chaud, au verre du soir.
Je me délecte de ce bruit de fond, brouhaha incessant de paroles insensées, d’éclats de joie évadés d’un misérable quotidien.
La fumée de cigarette. Ombre planante, volutes silencieuses qui rejoignent le plafond pour s’éteindre dans l’infini.
Verres entrechoqués, pièces qui roulent sur le comptoir.
Une scène de théâtre, un univers irréel dont je suis l’unique spectateur.
Il m’enchante, me ravit, tendre exutoire de ma solitude.
Puis je vois la vie au dehors, bien abritée de ma bulle imaginaire.
Les gens vont et viennent, tous différents, tous les mêmes.
Et soudain le silence…
Je n’entends plus les moteurs. Leurs rugissements furieux disparaissent dans la jungle de mes pensées.
Un homme s’approche du flipper, tintement métallique.
Un jeu de fortune pour une minute de répit, jouet de l’infortune dans une vie de mépris.
J’ai envie de pleurer, mais je ne sais plus pourquoi.
Je vais simplement traverser la rue, rentrer chez moi.
Retrouver le sourire, souffler un peu, pour l’espace d’une nuit tout oublier.

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